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La Leptospirose

Une maladie infectieuse sous estimée et potentiellement grave

Questions fréquentes

La leptospirose est-elle une maladie fréquente dans le monde et en France en particulier ?

1 million de cas sévères sont recensés chaque année dans le monde dont 60 000 décès, soit une mortalité quatre fois supérieure à celle de la dengue par exemple.(1)

En Europe, cette maladie est émergente et devient un enjeu de santé publique émergent notamment en France avec une incidence record jamais enregistrée depuis 1920. Ainsi pour les années 2014-2016, l’incidence était d’ 1 cas pour 100 000 habitants (incidence 2 fois plus élevée qu’en 2011), ce qui représente plus d’1 cas par jour.(1)

La leptospirose est-elle une maladie grave ?

Dans la majorité des cas, la leptospirose ressemble à une grippe et se soigne facilement. Cependant, des formes sévères de leptospirose sont observées dans certains cas et l’état du malade s’aggrave, en particulier en cas de leptospirose ictérohémorragique.  Une hospitalisation est souvent nécessaire (88% des formes graves), jusqu’aux soins intensifs en réanimation (64% des formes graves) pouvant parfois entrainer le décès du malade (10% des cas graves).(2)

Des séquelles et une incapacité à long terme peuvent également être observées dans respectivement 10% et 1,3% des cas sévères.(2)

La leptospirose icterohémorragique est-elle fréquente ?

Le nombre de leptospirose icterohémorragique représentent 1/3 des cas reportés de leptospirose mais 2/3 des cas graves en France métropolitaine et jusqu’à 90% des cas graves aux Antilles.(3,4,5,6)

La leptospirose est-elle une maladie tropicale ?

Dans les pays tropicaux (Antilles par exemple), l’incidence de la leptospirose est 30 fois supérieure à la France métropolitaine où son incidence a tout de même doublé depuis 2014, pour atteindre plus d’un cas par jour actuellement.(2)

Cette recrudescence des cas de leptospirose serait entre autres à cause du réchauffement climatique.(2)

Par ailleurs, alors qu’on pensait qu’une eau plutôt chaude convenait mieux à la survie des leptospires, une étude récente montre que les leptospires du sérogroupe Icterohaemorrhagiae résistent et restent virulents jusqu’à 10 mois même dans une eau à 4°C.(7)

La leptospirose concerne-t-elle principalement les activités de loisirs ?

La population générale exposée à un risque de contamination par les leptospires lors d’activités de loisirs est bien plus grande que la population exposée au niveau professionnel. Il est donc normal que le nombre de leptospirose d’origine professionnelle soit plus faible que celles d’origine non professionnelle. L’inverse indiquerait un échec de la politique de prévention professionnelle mise en place.

La leptospirose est reconnue maladie professionnelle au niveau mondial (OIT), européen (Directive 2000/54/CE) et français (tableaux des maladies professionnelles n°5 du Régime Agricole et n°19A du Régime Général de la Sécurité Sociale). Les études épidémiologiques montrent qu’un 1/3 des cas de leptospirose et plus de 50% des cas sont recensés chez les actifs seraient d’origine professionnelle, sachant qu’on a depuis 2014 plus de 600 cas de leptospirose par an.(8,9)

La leptospirose concerne-t-elle uniquement les égoutiers et les personnes en contact avec des rats ?

La leptospirose peut se transmettre par contact direct avec un animal mort ou vivant, via son urine, mais le plus souvent par contact indirect via l’environnement : de l’eau ou de la boue contaminée par cette urine. Sachant que les leptospires peuvent résister jusqu’à 14 mois à 20°C et 10 mois à 4°C, il n’est pas forcément nécessaire de voir un animal pour attraper une leptospirose. Outre les loisirs en eaux douces, la leptospirose peut se contracter par exposition professionnelle. Les travaux à risque sont listés dans les tableaux des maladies professionnelles n°5 du Régime Agricole et n°19A du Régime Général de la Sécurité Sociale parus au Journal Officiel(10,11). Parmi ces professions, on peut notamment trouver :

  • Curage et/ou l’entretien de canaux, étangs, lacs, rivières, voies navigables, berges
  • Activités liées à la pisciculture,
  • Travail dans les égouts, les stations d’épuration
  • Certaines activités en eaux douces : pêcheurs et plongeurs professionnels, garde pêche
  • Certaines activités spécifiques aux Dom-Com

Quelle est la responsabilité de l’employeur vis-à-vis des salariés exposés à la leptospirose ?

L’employeur doit assurer la protection de la santé de ses salariés ou agents. Il a, selon la loi, une obligation de résultats.(12) Pour cela, sur les conseils des professionnels de santé au travail, l’employeur doit notamment financer les moyens de protection recommandés par le Haut Conseil de Santé Public (Avis du 18 mars 2005). Ces recommandations incluent :

  • l’information des salariés à risque sur la leptospirose
  • la mise en œuvre des règles d’hygiène et des moyens de prévention collectifs (gestion des déchets, limitation de la prolifération des rongeurs…
  • la mise en œuvre des moyens de protection individuels (port des équipements de protection, vaccination si nécessaire, des personnes particulièrement exposées)

Les salariés à risque de leptospirose sont-ils sous régime médical renforcé pour le suivi de la prévention contre la leptospirose professionnelle ?

Les décrets d’application de la nouvelle loi travail parus fin 2016 décrivent le suivi médical des professionnels exposés aux agents biologiques de type II, tels que la leptospirose.(13)

Selon la loi, ces travailleurs doivent réaliser avant la prise de poste, leur visite initiale nommée Visite d’Information et de Prévention (VIP) avec un professionnel de santé au travail.

Les visites périodiques de suivi sont prescrites par le médecin du travail et doivent être réalisées au maximum tous les 5 ans. Cependant, ce rythme peut être adapté aux besoins et les visites plus fréquentes (par exemple, application correcte d’un schéma vaccinal).

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(1) L. Filleul et al. ; Santé Publique France – La leptospirose dans les régions et départements français d’outre-mer; Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire ; n°8-9 ;4 avril 2017
(2)  Hartskeerl et al, Emergence, control and re-emerging leptospirosis: dynamics of infection in the changing world, 2011, Clinical Microbiology and Infection, vol 17: 494-501
(3) M. Picardeau, Rapport annuel d’activité du CNRL 2016
(4) JM. Estavoyer, « Leptospirose en Franche-Comté : données cliniques, biologiques et thérapeutiques. Médecine et maladies infectieuses »; Septembre 2013: pages 379-385
(5) S.Tubiana, «Risk Factors and Predictors of Severe Leptospirosis in New Caledonia» PLoS Negl Trop Dis. 2013 Jan; 7(1): e1991.
(6) P. Hochedez, «Factors Associated with Severe Leptospirosis», Martinique 2010–2013», Emerg Infect Dis. 2015 Dec; 21(12): 2221–2224.
(7) G. André-Fontaine, «Waterborne Leptospirosis: Survival and Preservation of the Virulence of Pathogenic Leptospira spp. in Fresh Water. »Curr Microbiol. 2015 Jul;71(1):136-42
(8) Baranton G, Postic D Centre National de Référence des leptospires, Institut Pasteur Paris,  Synthèse La leptospirose en France de 2001 à 2003 : 1-8
(9) Watrin M. Étude descriptive des cas de leptospirose diagnostiqués en Normandie sur la période 2010-2014. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2016: 1-28.
(10) Décret n° 2009-1194, Journal Officiel du 07/10/2009 (Code de la Sécurité Sociale)
(11) Décret n° 2007-1121 du 19/07/2007 (Code de la Sécurité Sociale)
(12) Cass.Soc. 30.11.2010: n°08-70390
(13) Décret n° 2016-1908 du 27 décembre 2016 relatif à la modernisation de la médecine du travail