La leptospirose, une maladie infectieuse polymorphe
On estime à environ 500 000 le nombre de cas sévères de leptospirose dans le monde chaque année(1), cependant ce chiffre ne représente que les cas de leptospirose déclarés. En effet les manifestations cliniques de la leptospirose sont très variées, de la forme asymptomatique à l’atteinte rénale grave, ce qui la rend di*cile à diagnostiquer. La maladie est donc probablement sous-évaluée, d’autant que la con,rmation du diagnostic ne peut être pratiquée que dans certains laboratoires.
Environ 80% des personnes atteintes par la maladie présenteront une forme asymptomatique ou d’expression bénigne mais, pour les 20% restant, on peut observer par la suite une aggravation vers des formes ictériques polyviscérales sévères et potentiellement fatales(3). Dans un premier temps les symptômes apparaissent après une incubation moyenne de 2 à 20 jours. La phase septicémique se manifeste par un symptôme pseudo-grippal brutal : le patient se plaint de forte fièvre avec frissons, courbatures, myalgies, céphalées et souvent de troubles digestifs. Le plus souvent cette phase est anictérique et dure entre 4 et 7 jours. Cependant l’ensemble de ces symptômes reste non spécifique.
Lors de la phase immune, les études de cas rapportent de nombreux signes cliniques : fièvre, myalgies, maux de tête sévères, diarrhées, oliguries, ictères, conjonctivites, douleurs articulaires, éruptions cutanées, arythmies cardiaques, psychose. Les atteintes rénales sont fréquentes et sont des facteurs de gravité, tout comme les atteintes pulmonaires et les hémorragies (2). A ce stade le tableau clinique est plus évocateur, notamment si le patient présente un ictère. Dans les formes sévères (environ 20% des cas), la maladie dure 15 jours en moyenne, et 70% des cas nécessitent une hospitalisation(3).
Dans les formes sévères, 70% des cas nécessitent une hospitalisation
Dans les premiers stades de la maladie plusieurs autres pathologies peuvent donc être considérées comme des diagnostics différentiels de la leptospirose, en fonction de l’origine géographique du patient et de la situation épidémiologique locale. C’est le cas de la grippe bien sûr, mais aussi de la brucellose, fièvre Q, des hépatites virales et, en zone endémique sous les climats subtropicaux, de la dengue ou de la fièvre jaune. Etant donné l’extrême polymorphisme des signes cliniques proches de nombreuses affections, en zone d’endémie c’est le retard de diagnostic plus que la coexistence de deux pathologies qui est préjudiciable.
En effet les antibiotiques étant plus e*caces dans les premiers stades de la maladie, le pronostic d’évolution de la leptospirose dépend de la précocité du diagnostic, de l’état de santé général du malade et de la virulence de la souche à l’origine de l’infection(4).
Le traitement se fait par antibiotiques et doit être administré dès le diagnostic de leptospirose suspecté, de préférence avant le 5e jour après le déclenchement de la maladie. Au-delà, l’effet des antibiotiques est plus discuté (5). Avant confirmation, un questionnaire effectué par le médecin sur les activités du patient (environnement de travail, pratique d’activité de loisir au contact d’eau douce ou d’animaux, voyage récent dans des zones endémiques) pourra donc orienter le diagnostic vers une leptospirose que viendra confirmer une analyse par test MAT, PCR ou ELISA.
Bien que longue, la convalescence se fait le plus souvent sans séquelles. Plusieurs semaines peuvent être nécessaires et environ 11% des personnes atteintes développent des séquelles à long-terme parmi lesquelles : fatigue chronique, troubles oculaires ; et 1.3% nécessitent un arrêt de travail permanent(3).
11% des personnes atteintes développent des séquelles à long terme
En France, les hommes âgés de 40 à 50 ans sont les plus touchés par la maladie. Cette statistique s’explique en partie par leurs activités professionnelles qui les exposent davantage au contact d’animaux et d’environnements contaminés(2). Le plus souvent l’âge du patient est un facteur de gravité dans le développement de la maladie, cependant la leptospirose touche également les enfants. Ainsi l’année dernière à Mayotte la majorité des cas déclarés étaient des enfants ou jeunes adultes ayant contractés la maladie suite à des jeux de baignades en eau douce ou au contact de boues (63% des cas)(6).