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La Leptospirose

Une maladie infectieuse sous estimée et potentiellement grave

Étiquette : ictères

Regards sur la Leptospirose n°7

1 million de cas sévères de leptospirose chaque année dans le monde

Saviez-vous que la leptospirose est l’une des principales zoonoses au niveau mondial ? Cette maladie mortelle reste mal connue alors qu’elle représente un problème majeur de santé publique. Deux revues de la littérature publiées en 2015(1,2) nous apportent un nouvel éclairage sur son impact réel…

Risque moyen de morbidité selon l’âge et le sexe

Hommes (bleu) / Femmes (rouge) (1)

Les dernières estimations des cas de leptospirose dans le monde avaient été publiées en 1999 par l’Organisation Mondiale de la Santé(3). Elles s’appuyaient sur les données fournies par les réseaux nationaux de surveillance dans différentes régions du monde. Or, les déficiences des systèmes de surveillance dans les pays les plus touchés, ainsi que la difficulté à poser le diagnostic de la maladie – par manque de méthodes appropriées, mais aussi du fait du caractère non spécifique de ses symptômes – laissent supposer que la morbidité et la mortalité liées à la leptospirose ont été largement sous-estimées.

Un article de Federico Costa et al.(1), paru en septembre 2015, souligne que la leptospirose est une cause importante d’hémorragie pulmonaire et d’insuffisance rénale aiguë dans beaucoup de régions où la maladie est endémique. De plus, elle est désormais largement reconnue comme une cause fréquente de fièvre indifférenciée. Une majorité de cas de leptospirose ne sont pas diagnostiqués, ou sont confondus avec la malaria, la dengue ou la fièvre entérique.

L’étude de Costa et al. estime que la leptospirose est responsable chaque année d’un million de cas sévères dans le monde, et de près de 60 000 décès, soit autant voire plus que les autres causes de fièvre hémorragique. Elle fait autant de victimes que la rage canine (59 000 morts chaque année), et a une incidence plus élevée que la leishmaniose viscérale et la dengue sévère. Estimation de l’impact de la leptospirose dans le monde(1) : • 1,03 million de cas par an • 58 900 décès • Les hommes sont les plus touchés, en lien avec leurs activités socio-économiques. • Le risque de décès augmente avec l’âge.

Le sérogroupe ictérohémorragique est le plus mortel

 Une autre revue de la littérature, publiée par Andrew J. Taylor et al. en juin 2015(2), apporte des informations complémentaires sur la mortalité liée à une leptospirose non traitée. Elle montre que le nombre de décès est beaucoup plus élevé chez les patients qui développent un ictère et une insuffisance rénale aiguë.

Le sérogroupe
Icterohaemorrhagiae
provoque le plus
d’ictères

Cette analyse souligne que le taux de mortalité est impacté par le sérogroupe responsable de la maladie et par la localisation des patients. C’est le sérogroupe Icterohaemorrhagiae qui provoque le plus d’ictères ; c’est aussi le plus mortel. Les auteurs constatent une mortalité plus élevée en Europe et en Amérique du Nord qu’en Asie, ce qui reflète sans doute la prédominance de ce sérogroupe dans les données disponibles pour ces régions.

Une étude menée en Martinique, dont les résultats ont été publiés en décembre 2015(5), confirme l’association entre le sérogroupe ictérohémorragique et une sévérité accrue de la maladie. Chez 56% des patients avec une leptospirose confirmée par MAT (microscopic agglutination test) entre 2010 et 2013, c’est Icterohaemorrhagiae qui a clairement été identifié comme étant à l’origine de l’infection. De plus, chez les 12 patients sévèrement atteints, le sérovar Icterohaemorrhagiae/ Copenhageni a été identifié dans 11, soit près de 92%, de ces cas. Les auteurs soulignent que cette corrélation entre la sévérité de la maladie et le sérogroupe ictérohémorragique a également été relevée sur d’autres îles tropicales.

Pour plus d’information :
www.leptospirose-prevention.fr
ou leptospirose@imaxio.com

La leptospirose au cœur des préoccupations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)

La leptospirose est une maladie négligée dont l’incidence est appelée à augmenter significativement dans les années qui viennent(4). Mieux comprendre les données épidémiologiques est essentiel pour pouvoir limiter les épidémies. C’est l’un des buts que s’est fixés l’OMS, notamment à travers la création du Global Leptospirosis Environmental Action Network (GLEAN)(6), réseau multidisciplinaire et intersectoriel, qui a pour mission de réduire l’impact des épidémies de leptospirose sur les communautés humaines, en comprenant mieux les interactions entre la leptospirose humaine et animale et les facteurs environnementaux, écologiques, économiques et démographiques, en développant des systèmes d’alerte précoces, et en améliorant la prévention et le contrôle.

Son action s’articule autour de quatre axes : PRÉDIRE, PRÉVENIR, DÉTECTER et INTERVENIR.

Références bibliographiques

1. Costa F, et al. (2015). Global Morbidity and Mortality of Leptospirosis: A Systematic Review. PLoS Negl Trop Dis 9(9): e0003898.
2.Taylor AJ, et al. (2015). A Systematic Review of the Mortality from Untreated Leptospirosis. PLoS Negl Trop Dis 9(6): e0003866.
3.World Health Organization (1999) Leptospirosis worldwide, 1999. Weekly Epidemiological Record 74: 237–242. pmid:10437435.
4.Pour plus d’informations sur la recrudescence de la leptospirose, voir Regards sur la Leptospirose # 6, Octobre 2015 (disponible sur www.imaxio.com / rubrique News).
5.Hochedez P, et al. Factors Associated with Severe Leptospirosis, Martinique, 2010-2013. Emerg Infect Dis. 2015 Dec. http://dx.doi.org/10.3201/eid2112.141099
6.Durski KN, et al. (2014). A Global, Multi-Disciplinary, Multi-Sectorial Initiative to Combat Leptospirosis: Global Leptospirosis Environmental Action Network (GLEAN). Int J Environ Res Public Health. 2014 Jun; 11(6): 6000–6008.