Informez vos proches,
PARTAGER C’EST PROTÉGER !

La Leptospirose

Une maladie infectieuse sous estimée et potentiellement grave

Regards sur la Leptospirose n°4

77 cas de leptospirose étudiés pour mieux comprendre la maladie en France

D’après le Centre National de Référence des Leptospires (CNRL), l’hétérogénéité dans l’incidence de la leptospirose humaine entre les départements repose essentiellement sur trois critères : la di(culté à poser le diagnostic, la non-obligation de déclaration des cas et la sensibilisation des médecins locaux à la pathologie. Par exemple on a pu lire dans la presse régionale en ce début d’année le témoignage d’un retraité du Nord-Pas-de-Calais qui a développé une forme grave de la leptospirose, diagnostiquée dans un premier temps comme une grippe par son médecin traitant.

Récemment,
la leptospirose dans
la presse :

Extrait de l’article de la Voix du Nord, du 30 janvier 2015/ P. P. (CLP) :

Un retraité, ancien professeur à l’université de Lille, originaire de Nieurlet, a contracté la leptospirose, en novembre. « J’habite depuis quarante-cinq ans dans le marais, à la lisière de Clairmarais. En novembre, une fuite d’eau m’a contraint à réaliser de nombreux sondages à 1,5 mètre de la rivière avec des gants étanches. Le samedi suivant, je me suis levé plutôt malade, genre état grippal. Deux jours plus tard, le médecin confirme la grippe, n’ayant jamais vu de cas de leptospirose. Mais le surlendemain, il m’était impossible de manger et je souffrais de saignements de nez. »

[…] Lors de la consultation qui suit, le retraité évoque la leptospirose […]. Son médecin lui prescrit une prise de sang, son teint est jaune. Il se retrouve aux urgences. Un traitement antibiotique et quinze jours d’hospitalisation plus tard, la leptospirose est confirmée. « Deux mois après, je n’ai pas encore retrouvé mon tonus », explique t-il.

Or chaque année la Franche-Comté affiche dans le rapport d’activité du CNRL une incidence très supérieure à l’incidence nationale. Le Dr Jean-Marie Estavoyer, ancien Médecin Chef du Service Infectiologie de Besançon, a publié en 2013 les données regroupant une partie des cas de leptospirose qu’il a traités au cours de sa carrière au sein du CHU. Une revue de 77 cas sur 15 ans, soit 5 cas par an en moyenne, un échantillonnage rare en France tant au regard du nombre de patients rassemblés que de la profusion des informations recueillies, dont voici le résumé :

Comme c’est souvent le cas en matière de leptospirose humaine, l’essentiel des patients étaient des hommes, âgés d’environ 42 ans. Leur activité professionnelle était en cause dans un tiers des cas, avec en tête des expositions l’agriculture et les activités vétérinaires, suivies par les activités du BTP et les travaux des employés des collectivités.

Il a été contaminé par la bactérie en rinçant sa main écorchée dans le torrent à proximité.

Ainsi la presse a récemment relaté le cas d’un employé des collectivités du département des Hautes Pyrénées qui a contracté la leptospirose en travaillant au déblaiement d’une habitation après les récentes crues du mois de juin dernier. Il a été contaminé par la bactérie en rinçant sa main écorchée dans le torrent à proximité. Fort heureusement il a rapidement été pris en charge par le Centre Hospitalier de Tarbes où la leptospirose a été diagnostiquée.

Extrait de l’article de Dépêche du midi, du 24 juin 2014/ Thierry Jouve

Un cas de leptospirose, appelée aussi la « maladie du rat», est en cours de confirmation de diagnostic dans les Hautes-Pyrénées. Le sujet infecté est un pelliste mandaté par le conseil général, qui a effectué des travaux de déblaiement sur une maison emportée par le torrent à Germssur- l’Oussouet, suite aux inondations des vendredi 13 et samedi 14 juin consécutives au violent orage qui s’est abattu entre Bagnères et Lourdes. Le pelliste s’est coupé à une main en déplaçant un panneau de signalisation endommagé et il a nettoyé sa plaie dans l’eau de la rivière contaminée. […]

Le lundi, le pelliste a fait un malaise et a été examiné par un médecin de Cauterets qui l’a évacué en urgence vers le centre hospitalier de Tarbes. L’homme souffrait de douleurs thoraciques et les médecins ont d’abord pensé à un problème cardiovasculaire. Il avait également de la fièvre. Il a alors été vu par Florian Busato, médecin infectiologue, qui a suspecté une contamination à la leptospirose, compte tenu de son intervention dans de l’eau stagnante suite aux crues et de sa plaie à la main lavée dans le torrent.

Extrait de Polynésie 1ère, du 20 janvier 2015/ Gilles TAUTU avec Pierre Emmanuel GAROT

Les récentes pluies incessantes sont propices à la leptospirose. Cette maladie bactérienne est encore présente sous nos climats chauds et humides. Le risque de contamination augmente notamment aux embouchures des rivières. Les responsables d’écoles de surf sont d’ailleurs très vigilants et évitent la baignade dans les zones à risques […] Ce week-end, un surfeur de 14 ans est décédé de la leptospirose. Les responsables de club déplorent le manque de prévention et d’information de la part des autorités et font appel à la vigilance de leurs élèves.

Cependant les activités de loisirs représentent une part importante des cas d’exposition (baignade, pêche, canoë kayak, etc.) dans la série bisontine publiée en 2013.

Cette augmentation des cas dus aux loisirs a également été documentée dans diDérentes études scientiEques, en raison notamment du manque de connaissance de la pathologie et de ses modes de contamination parmi les pratiquants d’activités à risque. On déplore ainsi, en février dernier, la mort d’un adolescent en Polynésie Française, décédé de la leptospirose après avoir surfé à l’embouchure d’une rivière.

Cette augmentation des cas dus aux loisirs a également été documentée dans différentes études scientifiques, en raison notamment du manque de connaissance de la pathologie et de ses modes de contamination parmi les pratiquants d’activités à risque.

D’après l’étude, l’âge est un critère de gravité : les patients ayant développé une forme grave étaient âgés d’environ 49 ans, contre 34,5 ans pour les patients qui ont développé des formes bénignes. Un seul cas grave a connu une issue défavorable, et la durée d’hospitalisation était d’environ 5 jours pour les formes sévères.

De plus, on observe que le sérogroupe icterohaemorrhagiae est associé aux formes sévères avec 2/3 des patients atteints d’une leptospirose due à ce sérogroupe qui ont développé une forme grave, contre 1/4 pour le sérogroupe grippotyphosa, par exemple.

La majorité des cas ont été déclarés entre juillet et novembre, période à laquelle la leptospirose atteint son pic d’incidence. Cette période est particulièrement propice en raison de la météo, chaleur et pluies, favorable à la bactérie. Les éléments météorologiques comme les inondations jouent également un rôle prépondérant dans l’apparition des cas car ils contribuent à répandre la bactérie dans l’environnement.

En conclusion le contexte est particulièrement important dans le diagnostic de la leptospirose qui ne peut être fortement suspectée qu’au travers d’un interrogatoire du patient sur ses activités professionnelles et de loisirs.

Pour plus d’information :
Estavoyer & al, Leptospirose en Franche-Comté : données cliniques, biologiques et thérapeutiques, Médecine et Maladie Infectieuses 43. 2013: 379-385
leptospirose@imaxio.com

 

Références bibliographiques :

Rapport d’activité 2013, Centre National de Référence des Leptospires, Institut Pasteur de Paris F. Aviat, La leptospirose, zoonose de loisir et zoonose professionnelle : rôle des rongeurs et de l’eau, Epidémiol. et santé anim., 2004, 45, 55-60