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La Leptospirose

Une maladie infectieuse sous estimée et potentiellement grave

Catégorie : Newsletter

Regards sur la Leptospirose n°9

Geneviève André-Fontaine,

professeur d’infectiologie
retraitée de l’Ecole Nationale
Vétérinaire de Nantes

Les leptospires : une résistance étonnante, même à 4°C

Encore très récemment, nous pensions qu’une température de 15 à 30°C était indispensable à la survie des leptospires dans le milieu naturel. Or, une étude publiée par Geneviève André-Fontaine, professeur d’infectiologie retraitée de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes(1), montre que les leptospires du sérogroupe Icterohaemorrhagiae peuvent survivre jusqu’à 300 jours maximum dans une eau douce à seulement 4°C. Une résistance exceptionnelle et inattendue, qui pourrait impacter l’estimation du risque de contracter la leptospirose sur le territoire français…

« Dans les eaux de
surface, les leptospires
sont capables de résister
pendant des temps
très longs. »

Bactéries responsables de la leptospirose, les leptospires sont des filaments spiralés extrêmement fins, dotés d’une mobilité extraordinaire dans les milieux liquides. Les leptospires du sérogroupe Icterohaemorrhagiae sont les plus fréquemment rencontrés en clinique humaine en France, et responsables des formes les plus graves.(2)

La transmission de la maladie peut s’effectuer soit par contact direct avec les urines d’animaux infectés, principalement de rongeurs, soit par contact avec les eaux douces souillées par ces urines.

Mais combien de temps les leptospires peuvent-ils résister dans ces eaux douces, sans nutriment, à des températures qui peuvent être très variables ? C’est à cette question que répond le professeur Geneviève André-Fontaine dans une étude publiée en 2015 intitulée « Waterborne Leptospirosis: Survival and Preservation of the Virulence of Pathogenic Leptospira spp. in Fresh Water » (1). L’équipe de recherche a inoculé une souche pathogène du groupe Icterohaemorrhagiae dans différentes eaux naturelles et pures, commercialisées pour la consommation et ne contenant donc aucune matière organique permettant aux bactéries de survivre. Des échantillons de ces eaux contaminées au laboratoire ont ensuite été conservés pendant 20 mois à une température de 4°C, 20°C ou 30°C. Les analyses effectuées ont démontré que la survie moyenne des leptospires était de 130 jours à 4°C, 263 jours à 20°C et 316 jours à 30°C.

L’étude met en évidence la capacité des leptospires à survivre dans des eaux douces pendant des périodes extrêmement longues, mais également à préserver leur virulence.

Un impact sur l’évaluation du risque en France métropolitaine ?

Ces résultats apportent un nouvel éclairage sur le risque d’exposition à la leptospirose en zone non tropicale. En effet, sur la base des éléments mis en avant par Ian R. Ferguson en 1994(3), la communauté scientifique et médicale estimait que la bactérie pouvait survivre jusqu’à 6 mois dans des substrats humides, selon les conditions. L’eau froide des rivières, en particulier, était jugée peu favorable aux leptospires.

Or, on sait désormais que même si elles ne s’y multiplient pas, les bactéries du sérogroupe Icterohaemorrhagiae sont capables de résister plus de dix mois dans l’eau à une température de 4°C, et au moins 20 mois à 30°C, en conservant leur caractère pathogène. L’estimation du risque lié à la pratique d’activités professionnelles mais aussi de loisirs dans les rivières et plans d’eau français, même en montagne, pourrait donc prendre une nouvelle dimension, alors que ces activités de loisirs sont en plein développement.

L’exposition au risque est à pondérer en fonction des conditions climatiques, et également en fonction du nombre et de la nature des animaux réservoirs de ces bactéries présents dans l’environnement. Ces animaux porteurs apparemment sains peuvent en permanence contaminer et re-contaminer l’eau par leurs urines.

A la suite des récentes inondations qui ont touché le Nord de la France, une recrudescence de rats a pu être observée dans les zones sinistrées(4).A la lumière de ces nouvelles connaissances, on peut se demander si, en favorisant à la fois la dissémination et la survie des leptospires, la montée des eaux de la Seine et de ses affluents pourrait conduire à une hausse du nombre de cas de leptospirose dans les régions touchées…

« Rappel :
les microlésions cutanées
constituent la principale
porte d’entrée des
leptospires dans
l’organisme. »

Pour plus d’information :
www.leptospirose-prevention.fr
ou leptospirose@imaxio.com

Loisirs aquatiques : « Mieux vaut être conscient du risque et s’en prémunir ». Le témoignage de Nicolas, 37 ans*

« La leptospirose est considérée comme une maladie des égoutiers et l’on ne s’attend pas à y être exposé dans un tel contexte…»

En avril 2015, Nicolas participe à une course à obstacles en Sologne. Le principe : courir, franchir des obstacles, ramper dans la boue, nager dans des étangs…, sur une distance totale de 10 kilomètres. Sur ce parcours, Nicolas s’écorche les genoux en rampant dans une buse d’eau pour passer sous un petit pont.

Une semaine plus tard, alors qu’il part en déplacement professionnel en Afrique, lors de son vol aller, il est pris de violents frissons, transpire beaucoup, ressent des courbatures dans tout le corps et de fortes douleurs lombaires. Malgré le paracétamol, son état ne s’améliore pas et quand il rentre en France, au bout d’une semaine, un ictère visible au niveau des yeux, une desquamation importante et des douleurs aux genoux s’ajoutent à la liste de ses symptômes. Il est alors pris en charge par les urgences puis placé en isolement, son récent séjour en Afrique faisant craindre un cas d’Ebola. Après perte de connaissance, son état semble de plus en plus critique et le pronostic vital engagé, il pense que c’est la fin.

Les tests biologiques permettent alors de poser un diagnostic de leptospirose. C’est à ce moment-là que le lien est fait avec la lésion aux genoux… Grâce au traitement antibiotique, Nicolas est tiré d’affaire. « J’ai probablement été sauvé par le fait d’avoir bu beaucoup d’eau pour obliger mes reins à fonctionner », confie-t-il. Aujourd’hui, il regrette que les participants à ce type d’activités ne soient pas plus informés sur le risque de leptospirose et les moyens de prévention adéquats !

Références bibliographiques

1. Andre-Fontaine G, et al. Waterborne Leptospirosis: Survival and Preservation of the Virulence of Pathogenic Leptospira spp. in Fresh Water. Curr Microbiol. 2015 Jul;71(1):136-42.
2. Rapport annuel d’activité 2015 pour l’année d’exercice 2014 du Centre National de Référence de la Leptospirose, Institut Pasteur Paris
3. Ferguson IR. A European Perspective on Leptospirosis. Microbiology Europe 1994; Jan-Feb: 8-11
4. http://www.larepublique77.fr/2016/06/14/inondations- une-campagne-pour-eviter-la-multiplicationdes- rats-2/

* Propos recueillis par Nathaly Mermet, journaliste scientifique.

Regards sur la Leptospirose n°8

Maître Michel Ledoux,

Avocat à la Cour d’appel de Paris
et spécialiste en santé physique
et mentale au travail.

Maladies professionnelles : quels risques pour l’employeur ?

Le Code du travail impose à l’employeur de prendre toutes les mesures de prévention visant à supprimer ou à réduire les risques résultant de l’exposition aux agents biologiques. Que se passe-t-il s’il ne respecte pas cette obligation ? Dans le cadre d’une exposition à la leptospirose, plusieurs cas ont déjà été portés devant les tribunaux, avec des indemnités versées allant jusqu’à 23 000 euros. Les plaignants n’avaient pas nécessairement contracté la maladie.

« La réparation coûte
désormais plus cher que
la prévention. »

En 2009, un salarié d’une entreprise d’assainissement à Brest reproche à son employeur de ne pas lui avoir procuré les moyens de protection préconisés par le médecin du travail. Celui-ci avait notamment recommandé la vaccination contre la leptospirose. Le salarié ayant démissionné du fait de cette situation, l’entreprise est condamnée à lui verser 20 000 euros de dommages et intérêts, le manquement à l’obligation de sécurité étant jugé suffisamment grave pour imputer la rupture du contrat de travail à l’employeur.

Afin de mieux cerner la responsabilité de l’employeur en matière de maladies professionnelles, nous avons interrogé Maître Michel Ledoux, Avocat à la Cour d’appel de Paris et spécialiste en santé au travail.

Maître Ledoux, la thématique de la santé au travail est désormais au coeur de la vie professionnelle. Pourquoi ?

Depuis 2002, l’employeur est tenu à l’égard de son salarié à une obligation de sécurité de résultat, ce qui signifie que l’employeur est contraint de faire en sorte que son salarié ne soit ni malade, ni accidenté en raison de son travail. Si tel n’est pas le cas, l’employeur peut être contraint de payer d’importants dommages et intérêts.

Quels sont les principes généraux de prévention ?

En vertu des Principes généraux de prévention, figurant dans la 4ème partie du Code du travail, avant le début du travail d’un salarié, l’employeur doit identifier les risques auxquels celui-ci va être confronté. Il doit supprimer les risques quand c’est possible, ou les limiter quand ils ne peuvent pas être supprimés. Enfin, en face des risques résiduels, il doit mettre en place des mesures de sécurité adaptées, afin de rendre l’accident le moins vraisemblable possible et le moins grave possible si malheureusement il survenait. Cette évaluation doit être tracée dans le document unique d’évaluation des risques.

En cas d’atteinte à la santé d’un salarié, quels sont aujourd’hui les risques encourus par l’employeur ?

Il faut distinguer entre deux grandes familles de responsabilités :

La responsabilité civile, qui conduit à verser des dommages et intérêts à une victime d’accident du travail ou de maladie professionnelle.

La responsabilité pénale, qui permet de sanctionner une entreprise ou un dirigeant qui n’aurait pas respecté les dispositions du Code du travail ou du Code pénal.

En matière de responsabilité civile, les employeurs financent le risque accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP) par le paiement de leurs charges sociales à l’URSSAF. Or, schématiquement, la cotisation d’une entreprise est fonction du nombre et de la gravité des AT/MP qui surviennent en son sein. Moins l’entreprise fait de prévention, plus il y a d’atteintes à la santé de ses salariés, plus les arrêts de travail sont longs et les frais médicaux élevés, plus les rentes sont importantes, et plus les charges sociales augmentent.

De surcroît, lorsqu’une atteinte à la santé est due à une négligence de l’employeur, à un manquement aux règles d’hygiène et de sécurité, la victime peut invoquer la « faute inexcusable » de l’employeur. Si cette faute est reconnue, elle recevra des dommages et intérêts complémentaires à la charge finale de l’employeur. Aujourd’hui, la victime n’a plus besoin de démontrer une faute d’une extrême gravité. Il lui suffit de prouver que l’employeur a eu conscience du danger et qu’il n’a pas pris les mesures destinées à le préserver. Quant à la responsabilité pénale, elle peut concerner l’entreprise en tant que personne morale tout comme ses dirigeants. Ceux-ci peuvent être renvoyés devant le Tribunal Correctionnel. Par exemple en cas d’homicide involontaire avec manquement délibéré, l’employeur risque aujourd’hui jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 € d’amende.

Quant aux infractions à la 4ème partie du Code du travail, l’entreprise ou ses dirigeants risquent, à partir du 1er juillet prochain, jusqu’à 10.000 € d’amende par salarié en infraction.

Est-il déjà arrivé qu’un médecin du travail soit mis en examen ?

Au titre du Code du travail, c’est l’employeur ou son délégataire qui par principe est le seul responsable. En revanche, le Code pénal prévoit une responsabilité cumulative. Ainsi, tous ceux qui commettent une négligence en lien avec une atteinte à la santé peuvent, le cas échéant, engager leur responsabilité pénale.

Dans l’affaire de l’amiante, deux médecins du travail ont été mis en examen pour homicide involontaire et non-assistance à personne en péril.

Pour plus d’information :
www.leptospirose-prevention.fr
ou leptospirose@imaxio.com

Cas pratique : leptospirose et vaccination

Sauf dans quelques cas précisés par le Code de la santé publique, la vaccination est par principe facultative. Toutefois, le Conseil supérieur d’hygiène publique suggère aux médecins du travail de proposer la vaccination dans un certain nombre de situations, en accord avec les Principes généraux de prévention. Le rôle du médecin du travail est de conseiller l’employeur et ses salariés dans le but de respecter ces principes et de garantir la santé des salariés.

Si la vaccination n’est pas proposée à un salarié manifestement exposé à un risque de pathologie professionnelle, cela pourrait être considéré, si les conséquences sont graves, comme une négligence fautive. La responsabilité pénale de l’employeur pourrait alors être engagée, au titre des délits d’homicide ou de blessure involontaire.

Imaginons un salarié qui développe une leptospirose en lien avec son activité… différentes situations peuvent se présenter :

Situation 1 : on a proposé la vaccination au salarié, qui l’a refusée. Il pourra difficilement démontrer une faute inexcusable de son employeur si celui-ci justifie qu’il a pris les mesures de protection et de prévention qui s’imposaient. Sa maladie sera bien reconnue comme étant professionnelle. Et en cas de décès du salarié ou incapacité permanente supérieure à 40%, l’entreprise pourra retrouver sur son compte employeur 480.000€, ce qui conduira à une augmentation importante de ses cotisations AT/MP.

Situation 2 : Le médecin du travail a suggéré la vaccination, mais l’employeur l’a explicitement refusée. Le salarié pourra invoquer la faute inexcusable de son employeur et celui-ci devra payer des dommages et intérêts. Dans cette hypothèse, l’employeur court également le risque d’être poursuivi au titre du Code pénal (homicide et blessure involontaire). Par exemple en cas de blessure involontaire, l’employeur risque jusqu’à trois ans de prison et 45.000 € d’amende. En cas de décès du salarié, il encourt jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 € d’amende.

Situation 3 : Le médecin du travail n’a pas recommandé la vaccination à l’employeur et ne l’a pas proposée au salarié. Le salarié pourra engager une procédure à l’égard de l’employeur qui est responsable au regard des dispositions du Code du travail. Toutefois, cette procédure pourrait être doublée d’un contentieux entre l’employeur et le médecin du travail qui n’a pas rempli son devoir de conseil. On pourrait même imaginer que la responsabilité pénale du médecin du travail soit recherchée en raison de sa négligence.

Regards sur la Leptospirose n°7

1 million de cas sévères de leptospirose chaque année dans le monde

Saviez-vous que la leptospirose est l’une des principales zoonoses au niveau mondial ? Cette maladie mortelle reste mal connue alors qu’elle représente un problème majeur de santé publique. Deux revues de la littérature publiées en 2015(1,2) nous apportent un nouvel éclairage sur son impact réel…

Risque moyen de morbidité selon l’âge et le sexe

Hommes (bleu) / Femmes (rouge) (1)

Les dernières estimations des cas de leptospirose dans le monde avaient été publiées en 1999 par l’Organisation Mondiale de la Santé(3). Elles s’appuyaient sur les données fournies par les réseaux nationaux de surveillance dans différentes régions du monde. Or, les déficiences des systèmes de surveillance dans les pays les plus touchés, ainsi que la difficulté à poser le diagnostic de la maladie – par manque de méthodes appropriées, mais aussi du fait du caractère non spécifique de ses symptômes – laissent supposer que la morbidité et la mortalité liées à la leptospirose ont été largement sous-estimées.

Un article de Federico Costa et al.(1), paru en septembre 2015, souligne que la leptospirose est une cause importante d’hémorragie pulmonaire et d’insuffisance rénale aiguë dans beaucoup de régions où la maladie est endémique. De plus, elle est désormais largement reconnue comme une cause fréquente de fièvre indifférenciée. Une majorité de cas de leptospirose ne sont pas diagnostiqués, ou sont confondus avec la malaria, la dengue ou la fièvre entérique.

L’étude de Costa et al. estime que la leptospirose est responsable chaque année d’un million de cas sévères dans le monde, et de près de 60 000 décès, soit autant voire plus que les autres causes de fièvre hémorragique. Elle fait autant de victimes que la rage canine (59 000 morts chaque année), et a une incidence plus élevée que la leishmaniose viscérale et la dengue sévère. Estimation de l’impact de la leptospirose dans le monde(1) : • 1,03 million de cas par an • 58 900 décès • Les hommes sont les plus touchés, en lien avec leurs activités socio-économiques. • Le risque de décès augmente avec l’âge.

Le sérogroupe ictérohémorragique est le plus mortel

 Une autre revue de la littérature, publiée par Andrew J. Taylor et al. en juin 2015(2), apporte des informations complémentaires sur la mortalité liée à une leptospirose non traitée. Elle montre que le nombre de décès est beaucoup plus élevé chez les patients qui développent un ictère et une insuffisance rénale aiguë.

Le sérogroupe
Icterohaemorrhagiae
provoque le plus
d’ictères

Cette analyse souligne que le taux de mortalité est impacté par le sérogroupe responsable de la maladie et par la localisation des patients. C’est le sérogroupe Icterohaemorrhagiae qui provoque le plus d’ictères ; c’est aussi le plus mortel. Les auteurs constatent une mortalité plus élevée en Europe et en Amérique du Nord qu’en Asie, ce qui reflète sans doute la prédominance de ce sérogroupe dans les données disponibles pour ces régions.

Une étude menée en Martinique, dont les résultats ont été publiés en décembre 2015(5), confirme l’association entre le sérogroupe ictérohémorragique et une sévérité accrue de la maladie. Chez 56% des patients avec une leptospirose confirmée par MAT (microscopic agglutination test) entre 2010 et 2013, c’est Icterohaemorrhagiae qui a clairement été identifié comme étant à l’origine de l’infection. De plus, chez les 12 patients sévèrement atteints, le sérovar Icterohaemorrhagiae/ Copenhageni a été identifié dans 11, soit près de 92%, de ces cas. Les auteurs soulignent que cette corrélation entre la sévérité de la maladie et le sérogroupe ictérohémorragique a également été relevée sur d’autres îles tropicales.

Pour plus d’information :
www.leptospirose-prevention.fr
ou leptospirose@imaxio.com

La leptospirose au cœur des préoccupations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)

La leptospirose est une maladie négligée dont l’incidence est appelée à augmenter significativement dans les années qui viennent(4). Mieux comprendre les données épidémiologiques est essentiel pour pouvoir limiter les épidémies. C’est l’un des buts que s’est fixés l’OMS, notamment à travers la création du Global Leptospirosis Environmental Action Network (GLEAN)(6), réseau multidisciplinaire et intersectoriel, qui a pour mission de réduire l’impact des épidémies de leptospirose sur les communautés humaines, en comprenant mieux les interactions entre la leptospirose humaine et animale et les facteurs environnementaux, écologiques, économiques et démographiques, en développant des systèmes d’alerte précoces, et en améliorant la prévention et le contrôle.

Son action s’articule autour de quatre axes : PRÉDIRE, PRÉVENIR, DÉTECTER et INTERVENIR.

Références bibliographiques

1. Costa F, et al. (2015). Global Morbidity and Mortality of Leptospirosis: A Systematic Review. PLoS Negl Trop Dis 9(9): e0003898.
2.Taylor AJ, et al. (2015). A Systematic Review of the Mortality from Untreated Leptospirosis. PLoS Negl Trop Dis 9(6): e0003866.
3.World Health Organization (1999) Leptospirosis worldwide, 1999. Weekly Epidemiological Record 74: 237–242. pmid:10437435.
4.Pour plus d’informations sur la recrudescence de la leptospirose, voir Regards sur la Leptospirose # 6, Octobre 2015 (disponible sur www.imaxio.com / rubrique News).
5.Hochedez P, et al. Factors Associated with Severe Leptospirosis, Martinique, 2010-2013. Emerg Infect Dis. 2015 Dec. http://dx.doi.org/10.3201/eid2112.141099
6.Durski KN, et al. (2014). A Global, Multi-Disciplinary, Multi-Sectorial Initiative to Combat Leptospirosis: Global Leptospirosis Environmental Action Network (GLEAN). Int J Environ Res Public Health. 2014 Jun; 11(6): 6000–6008.

Regards sur la Leptospirose n°6

La France voit le nombre de cas de leptospirose doubler en 2 ans !

Dans son rapport d’activité annuel, qui vient d’être publié(1), le Centre National de Référence de la Leptospirose (CNRL) indique qu’il a recensé 628 cas de cette maladie en France métropolitaine en 2014. Avec une incidence de 0,98 cas pour 100 000 habitants, la plus forte depuis 80 ans, 2014 est une année record. Pour rappel, le nombre de cas enregistrés en 2013 était de 385, avec une incidence qui était déjà la plus forte depuis la deuxième guerre mondiale, et tournait en moyenne autour de 300 les années précédentes.

Une maladie mortelle, difficile à diagnostiquer
* Plus d’1 million de cas sévères chaque année dans le monde, associant insu‰sance rénale aigüe, atteinte neurologique et hémorragies.
* 5 à 20 % de mortalité. * De nombreuses formes cliniques, non spécifiques.
* La France est le pays industrialisé qui a le taux d’endémie le plus élevé. Source : CNRL

Parmi les cas comptabilisés en 2014, plus de 75% sont des hommes et l’âge moyen est de 45 ans. 94% des cas documentés n’ont pas effectué de voyage dans une zone endémique (Asie du Sud-Est, Océan Indien, Antilles) le mois précédant l’apparition des symptômes. C’est donc bien sur le territoire métropolitain que la maladie a été contractée.

Les régions les plus touchées sont la Basse-Normandie, avec une incidence qui atteint 2,57 cas pour 100 000 habitants, la Corse et la Franche-Comté. L’incidence est également supérieure à la moyenne nationale dans les régions Champagne- Ardenne, Centre, Poitou-Charentes, Pays de la Loire, Bretagne et Aquitaine.

Le nombre de cas est plus important en août et en septembre, ce qui confirme le caractère saisonnier de la maladie, mais des cas ont été enregistrés toute l’année.

Pour plus d’information :
www.leptospirose-prevention.fr
ou leptospirose@imaxio.com

Comment expliquer une telle recrudescence ?

L’année 2014 a vu un changement significatif de la Nomenclature des Actes de Biologie Médicale pour le diagnostic de la leptospirose(2). Depuis le 4 septembre 2014, la PCR* et l’ELISA IgM** sont remboursés par l’assurance maladie, alors que le MAT*** ne l’est plus. En conséquence, l’ELISA IgM** est maintenant largement utilisé à la place du MAT***.

La mise en oeuvre de ces nouvelles méthodes pourrait avoir un impact sur le nombre de cas diagnostiqués. Toutefois, les analyses menées par le CNRL suggèrent que l’influence du changement de la nomenclature sur la recrudescence du nombre de cas de leptospirose en France est mineure. En août 2014, alors que ce changement n’était pas encore effectif, le nombre de cas était déjà deux fois supérieur à celui d’août 2013(1). De plus, on retrouve une augmentation du nombre de cas dans d’autres pays européens.

Le CNRL estime que ce phénomène pourrait être dû au réchauffement climatique et à l’augmentation des comportements à risques liés à la pratique des sports aquatiques(3).

L’impact du réchauffement climatique

L’impact du réchauffement climatique est l’une des priorités du Conseil exécutif de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui a approuvé en 2015 un nouveau plan de travail sur le changement climatique et la santé. L’OMS estime en effet que ses effets risquent dans l’ensemble d’être très largement négatifs. Elle souligne en particulier que les conditions météorologiques influent fortement sur les maladies à transmission hydrique(4).

Un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), paru en 2005(5), classe la leptospirose parmi les affections humaines susceptibles d’être impactées par le changement climatique en France métropolitaine. Quel peut être le lien entre le réchauffement des températures et l’augmentation du nombre de cas ? La transmission de la maladie peut s’effectuer soit par contact direct avec les urines des animaux réservoirs (principalement les rongeurs), soit par les eaux douces souillées par ces urines. A une température supérieure à 4°C, l’eau douce permet une survie prolongée des leptospires. Selon l’Afssa, l’impact du changement climatique se manifeste donc à plusieurs niveaux :

• La disparition de périodes de gel entraîne une augmentation des populations de rongeurs.
• Les modifications des températures et des précipitations provoquent des déplacements des rongeurs et favorisent la survie des bactéries et leur diffusion par les eaux.
• La sécheresse dans certaines zones conduit à la concentration des espèces de mammifères autour des points d’eau, où en même temps les conditions de survie des leptospires sont améliorées, ce qui peut favoriser la contamination des cheptels.

Ainsi, « le risque d’évolution de la leptospirose en fonction du réchauffement climatique peut être qualifié de modéré à élevé »(5). Un pronostic que la forte hausse du nombre de cas en 2014 semble confirmer…

*PCR, polymerase chain reaction / **ELISA IgM, enzyme-linked immunosorbent assay Immunoglobulin M / *** MAT, microscopic agglutination test

 

Références bibliographiques

1. Rapport d’activité 2014, Centre National de Référence de la Leptospirose, Institut Pasteur.
2. Journal Officiel du 14 août 2014.
3. Pour plus d’informations sur la leptospirose liée aux activités de loisirs, voir Regards sur la Leptospirose # 5, Juillet 2015 (disponible sur www.imaxio.com / rubrique News).
4. www.who.int
5. Rapport sur l’évaluation du risque d’apparition et de développement de maladies animales compte tenu d’un éventuel réchau ement climatique, Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (Afssa), 2005.

Regards sur la Leptospirose n°5

La leptospirose dans les loisirs : méconnaissance d’un risque qui augmente

Le nombre de cas de leptospirose en France métropolitaine est en augmentation depuis plusieurs années et, parmi eux, les cas dus aux activités de loisirs sont ceux qui progressent le plus vite. Une étude sur 20 ans menée en Californie a montré une augmentation de 26% du nombre cas déclarés suite à une exposition dans le cadre des loisirs.(1)

Eco Challenge Sabah
2000 en Malaisie
44% des athlètes ont été
testés positif à la
leptospirose et
29 hospitalisés.(2)

Cette augmentation a pour origine 2 facteurs : un engouement grandissant pour les sports de nature et une méconnaissance générale de la pathologie, de ses modes de contamination et de ses conséquences par les pratiquants.

On distingue 2 types d’activités à risque : les activités au contact d’eau douce et les activités au contact d’animaux.

C’est parmi les activités au contact d’eau douce comme le kayak, le canyoning ou encore le triathlon que l’on trouve le plus de cas et en particulier des cas groupés. On a ainsi pu voir plusieurs dizaines de cas de leptospirose suivants des compétitions dans des zones aux climats tropicaux, à l’exemple de l’Eco Challenge Sabah 2000 en Malaisie, où près de 44% des athlètes avaient été testés positif à la leptospirose et 29 hospitalisés.(2)

Mais la maladie se développe également sous nos latitudes. A titre d’exemple en Irlande lors d’une compétition de canoë sur la rivière Liffey, 9,2% des athlètes avaient contracté la pathologie et 5 ont dû être hospitalisés.(3) De la même manière l’Allemagne(4), l’Autriche(5) ou encore l’Angleterre(6) ont connu des épisodes de leptospirose suite à des compétitions sportives.

 

En France, à l’exception d’un cas contracté par un triathlète dans les Alpes Maritimes, les cas les plus récents remontés dans le cadre des loisirs sont davantage associés aux activités de baignade. Ainsi la Charentes Maritime, l’Aube, les régions Rhône Alpes et PACA ont déclarés des cas chez des baigneurs.(7)

Le risque est d’autant plus difficile à prévenir que le test des eaux se révèle le plus souvent peu probant : lors d’un triathlon dans l’Illinois après lequel 54 athlètes avaient contractés la maladie, 27 prélèvements ont été effectués sur le point d’eau traversé par les nageurs, 1 seul s’est révélé positif.(1)

 

« On sait cependant que certains facteurs comme les fortes pluies, particulièrement durant les mois les plus chauds, sont favorables à la dispersion de la bactérie dans l’environnement.(1) »

Les activités à risque au contact d’animaux sont le plus souvent la chasse, le piégeage et la pêche. Les cas déclarés suite à ces activités sont le plus souvent isolés mais les malades, moins encadrés et informés, peuvent développer des formes plus graves. Ainsi, en France métropolitaine, ces trois dernières années ont été marquées par des décès dus à la leptospirose chez des chasseurs en Gironde et dans l’Aisne. (7)

« La leptospirose représenterait jusqu’à 24% des fièvres d’origines indéterminées déclarées suite à un voyage.(3)« 

Pour plus d’information :
www.leptospirose-prevention.fr
ou leptospirose@imaxio.com

Leptospirose et Voyages : The Honey Moon Fever ?*

*La fièvre de la Lune de Miel

En début d’année une étude décrivant un cas de leptospirose chez un couple de retour d’un voyage-aventure en Colombie titrait : « la leptospirose présentée comme la fièvre de la lune de miel » (Leptospirosis presented as honeymoon fever), évoquant l’augmentation du nombre de cas importés.(7)

En effet, depuis le début du XXIème siècle, le nombre de voyageurs internationaux est en constante augmentation et devrait atteindre les 1.6 milliards d’ici 2020.(8) Les habitudes de voyage des touristes occidentaux sont en plein changement et leur attrait pour le tourisme d’aventure intercontinental, notamment dans les pays tropicaux ou sub-tropicaux, est grandissant. Dans certains de ces pays, où les maladies infectieuses sont endémiques, ce changement d’habitudes a également pour conséquence une hausse du nombre de cas des pathologies rapportées de voyages, dont la leptospirose(8). Difficile de donner un nombre de cas précis étant donné son tableau clinique peu spécifique et le nombre de maladies prioritairement envisagées dans le diagnostic (palu, dengue, zika, chikungunya, fièvre Q, etc..).On estime cependant qu’elle représenterait jusqu’à 24% des fièvres d’origines indéterminées déclarées suite à un voyage.(9)

 

 

En effet, l’incidence de la leptospirose est 20 à 50 fois plus élevée dans les tropiques que dans les climats tempérés puisque la chaleur et l’humidité sont favorables à la survie de la bactérie.(9)

Lors d’une étude menée à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière de Paris entre janvier 2008 et septembre 2011, les cas de leptospirose rapportés de voyages provenaient principalement d’Asie, d’Afrique, des îles des mers Caraïbes et de l’Océan Indien.(9)

Les activités aquatiques en eau douce représentent un facteur de risque majeur dans ces zones exposées. En effet, les cas diagnostiqués étaient principalement secondaires à des baignades ou à la pratique de sports aquatiques, tels que le canyoning, le rafting, le kayak ou la spéléologie.(9)

Références bibliographiques

(1) A.M. Monahan et al., Leptospirosis: risks during recreational activities, The Society for Applied Microbiology, Journal of Applied Microbiology 107 (2009) 707–716
(2) James Sejvar et al., Leptospirosis in “Eco-Challenge” Athletes, Malaysian Borneo, 2000, Emerging Infectious Diseases • Vol. 9, No. 6, June 2003
(3) Boland et al. A cluster of leptospirosis cases in canoeists following a competition on the River Liffey, Epidemiol. Infect. (2004), 132, 195–200
(4) Brockmann et al. Outbreak of leptospirosis among triathlon participants in Germany, 2006 BMC Infectious Diseases 2010, 10:91
(5) Radl C et al. Outbreak of leptospirosis among triathlon participants in Langau, Austria, 2010, Wien Klin Wochenschr. 2011 Dec;123(23-24):751-5
(6) https://www.gov.uk/government/news/ leptospirosis-associated-with-a-triathlon-event (7) Veille presse
(7) B. de Sainte Marie et al. Leptospirosis presenting as honeymoon fever, International Journal of Infectious Diseases 34 (2015) 102–104
(8) Colleen Lau et al., Leptospirosis : An emerging disease in travellers, Travel Medicine and Infectious Disease (2010) 8,33-39
(9) Charlotte Van de Werve et al., Travel-Related Leptospirosis : a series of 15 imported cases, Journal Travel Med, 2013, 20:228-231

Regards sur la Leptospirose n°4

77 cas de leptospirose étudiés pour mieux comprendre la maladie en France

D’après le Centre National de Référence des Leptospires (CNRL), l’hétérogénéité dans l’incidence de la leptospirose humaine entre les départements repose essentiellement sur trois critères : la di(culté à poser le diagnostic, la non-obligation de déclaration des cas et la sensibilisation des médecins locaux à la pathologie. Par exemple on a pu lire dans la presse régionale en ce début d’année le témoignage d’un retraité du Nord-Pas-de-Calais qui a développé une forme grave de la leptospirose, diagnostiquée dans un premier temps comme une grippe par son médecin traitant.

Récemment,
la leptospirose dans
la presse :

Extrait de l’article de la Voix du Nord, du 30 janvier 2015/ P. P. (CLP) :

Un retraité, ancien professeur à l’université de Lille, originaire de Nieurlet, a contracté la leptospirose, en novembre. « J’habite depuis quarante-cinq ans dans le marais, à la lisière de Clairmarais. En novembre, une fuite d’eau m’a contraint à réaliser de nombreux sondages à 1,5 mètre de la rivière avec des gants étanches. Le samedi suivant, je me suis levé plutôt malade, genre état grippal. Deux jours plus tard, le médecin confirme la grippe, n’ayant jamais vu de cas de leptospirose. Mais le surlendemain, il m’était impossible de manger et je souffrais de saignements de nez. »

[…] Lors de la consultation qui suit, le retraité évoque la leptospirose […]. Son médecin lui prescrit une prise de sang, son teint est jaune. Il se retrouve aux urgences. Un traitement antibiotique et quinze jours d’hospitalisation plus tard, la leptospirose est confirmée. « Deux mois après, je n’ai pas encore retrouvé mon tonus », explique t-il.

Or chaque année la Franche-Comté affiche dans le rapport d’activité du CNRL une incidence très supérieure à l’incidence nationale. Le Dr Jean-Marie Estavoyer, ancien Médecin Chef du Service Infectiologie de Besançon, a publié en 2013 les données regroupant une partie des cas de leptospirose qu’il a traités au cours de sa carrière au sein du CHU. Une revue de 77 cas sur 15 ans, soit 5 cas par an en moyenne, un échantillonnage rare en France tant au regard du nombre de patients rassemblés que de la profusion des informations recueillies, dont voici le résumé :

Comme c’est souvent le cas en matière de leptospirose humaine, l’essentiel des patients étaient des hommes, âgés d’environ 42 ans. Leur activité professionnelle était en cause dans un tiers des cas, avec en tête des expositions l’agriculture et les activités vétérinaires, suivies par les activités du BTP et les travaux des employés des collectivités.

Il a été contaminé par la bactérie en rinçant sa main écorchée dans le torrent à proximité.

Ainsi la presse a récemment relaté le cas d’un employé des collectivités du département des Hautes Pyrénées qui a contracté la leptospirose en travaillant au déblaiement d’une habitation après les récentes crues du mois de juin dernier. Il a été contaminé par la bactérie en rinçant sa main écorchée dans le torrent à proximité. Fort heureusement il a rapidement été pris en charge par le Centre Hospitalier de Tarbes où la leptospirose a été diagnostiquée.

Extrait de l’article de Dépêche du midi, du 24 juin 2014/ Thierry Jouve

Un cas de leptospirose, appelée aussi la « maladie du rat», est en cours de confirmation de diagnostic dans les Hautes-Pyrénées. Le sujet infecté est un pelliste mandaté par le conseil général, qui a effectué des travaux de déblaiement sur une maison emportée par le torrent à Germssur- l’Oussouet, suite aux inondations des vendredi 13 et samedi 14 juin consécutives au violent orage qui s’est abattu entre Bagnères et Lourdes. Le pelliste s’est coupé à une main en déplaçant un panneau de signalisation endommagé et il a nettoyé sa plaie dans l’eau de la rivière contaminée. […]

Le lundi, le pelliste a fait un malaise et a été examiné par un médecin de Cauterets qui l’a évacué en urgence vers le centre hospitalier de Tarbes. L’homme souffrait de douleurs thoraciques et les médecins ont d’abord pensé à un problème cardiovasculaire. Il avait également de la fièvre. Il a alors été vu par Florian Busato, médecin infectiologue, qui a suspecté une contamination à la leptospirose, compte tenu de son intervention dans de l’eau stagnante suite aux crues et de sa plaie à la main lavée dans le torrent.

Extrait de Polynésie 1ère, du 20 janvier 2015/ Gilles TAUTU avec Pierre Emmanuel GAROT

Les récentes pluies incessantes sont propices à la leptospirose. Cette maladie bactérienne est encore présente sous nos climats chauds et humides. Le risque de contamination augmente notamment aux embouchures des rivières. Les responsables d’écoles de surf sont d’ailleurs très vigilants et évitent la baignade dans les zones à risques […] Ce week-end, un surfeur de 14 ans est décédé de la leptospirose. Les responsables de club déplorent le manque de prévention et d’information de la part des autorités et font appel à la vigilance de leurs élèves.

Cependant les activités de loisirs représentent une part importante des cas d’exposition (baignade, pêche, canoë kayak, etc.) dans la série bisontine publiée en 2013.

Cette augmentation des cas dus aux loisirs a également été documentée dans diDérentes études scientiEques, en raison notamment du manque de connaissance de la pathologie et de ses modes de contamination parmi les pratiquants d’activités à risque. On déplore ainsi, en février dernier, la mort d’un adolescent en Polynésie Française, décédé de la leptospirose après avoir surfé à l’embouchure d’une rivière.

Cette augmentation des cas dus aux loisirs a également été documentée dans différentes études scientifiques, en raison notamment du manque de connaissance de la pathologie et de ses modes de contamination parmi les pratiquants d’activités à risque.

D’après l’étude, l’âge est un critère de gravité : les patients ayant développé une forme grave étaient âgés d’environ 49 ans, contre 34,5 ans pour les patients qui ont développé des formes bénignes. Un seul cas grave a connu une issue défavorable, et la durée d’hospitalisation était d’environ 5 jours pour les formes sévères.

De plus, on observe que le sérogroupe icterohaemorrhagiae est associé aux formes sévères avec 2/3 des patients atteints d’une leptospirose due à ce sérogroupe qui ont développé une forme grave, contre 1/4 pour le sérogroupe grippotyphosa, par exemple.

La majorité des cas ont été déclarés entre juillet et novembre, période à laquelle la leptospirose atteint son pic d’incidence. Cette période est particulièrement propice en raison de la météo, chaleur et pluies, favorable à la bactérie. Les éléments météorologiques comme les inondations jouent également un rôle prépondérant dans l’apparition des cas car ils contribuent à répandre la bactérie dans l’environnement.

En conclusion le contexte est particulièrement important dans le diagnostic de la leptospirose qui ne peut être fortement suspectée qu’au travers d’un interrogatoire du patient sur ses activités professionnelles et de loisirs.

Pour plus d’information :
Estavoyer & al, Leptospirose en Franche-Comté : données cliniques, biologiques et thérapeutiques, Médecine et Maladie Infectieuses 43. 2013: 379-385
leptospirose@imaxio.com

 

Références bibliographiques :

Rapport d’activité 2013, Centre National de Référence des Leptospires, Institut Pasteur de Paris F. Aviat, La leptospirose, zoonose de loisir et zoonose professionnelle : rôle des rongeurs et de l’eau, Epidémiol. et santé anim., 2004, 45, 55-60

Regards sur la Leptospirose n°3

 

Édito

La leptospirose est une maladie méconnue du grand public et potentiellement grave, sur laquelle la communauté scientifique reste engagée en France et dans le monde.

Le Centre National de Référence des Leptospires (CNRL) publie chaque année son rapport d’activité qui rassemble les données de diagnostic de l’année d’exercice : incidence et répartition des cas en France.

Le rapport de l’année 2013, édité cet été, fait état de la plus haute incidence en France métropolitaine de ces 10 dernières années alors que, selon le CNRL, cette incidence reste sous-estimée.

Par ailleurs, la disparité entre les régions semble être la preuve d’une sensibilité inégale des professionnels de santé face à la pathologie.

Alexandre LE VERT, Directeur Général IMAXIO

Leptospirose : vecteurs et sérogroupes

En France métropolitaine, en 2013, le Centre National de Recherche des Leptospires de l’Institut Pasteur de Paris a recensé l’incidence des cas de leptospirose la plus élevée de ces dix dernières années (1). Mais quelle leptospirose ? En effet on pourrait parler de leptospiroses tant il y a de diversité dans le genre Leptospira.

Les leptospires font partie du phylum des spirochètes, microorganismes qui possèdent des caractéristiques uniques dans le monde bactérien : spiralés et dotés d’un organe locomoteur interne, l’endoflagelle, ils sont très mobiles même dans les milieux les plus visqueux. Ce sont des bactéries très répandues dont les genres pathogènes sont à l’origine de maladies humaines telles que la maladie de Lyme, la syphilis, ou encore la leptospirose.

On divise généralement le genre Leptospira en deux groupes : Leptospira biflexa, souches saprophytes et aquicoles, et Leptospira interrogans, souches pathogènes. A ce jour la littérature a décrit 21 espèces de leptospires et plus de 300 sérovars regroupés en une vingtaine de sérogroupes, une classification toujours en évolution(1).

 

21 espèces de leptospires et plus de 300 sérovars regroupés en une vingtaine de sérogroupes

 

Si on peut recenser un très grand nombre de sous-ensembles, il semble cependant que certains sérogroupes du genre Leptospira interrogans soient davantage présents chez certaines espèces porteuses. Ainsi, par exemple, en France le sérogroupe australis semble se retrouver majoritairement chez les bovidés, le sérogroupe canicola chez les canidés, tandis que les rongeurs, les ovins et les porcins sont, entre autres, les porteurs privilégiés du sérogroupe icterohaemorrhagiae(2). Et si les mammifères sont le plus souvent cités, certaines études ont mis en évidence la présence d’anticorps contre les leptospires chez certains reptiles (serpents, lézards, tortues)(3).

Certaines espèces sont dites porteuses saines, répandant les bactéries dans l’environnement via leurs urines mais ne manifestant aucun signe clinique de l’infection, comme les rats par exemple ; d’autres peuvent présenter des signes cliniques mais ceux-ci sont très variés, comme c’est notamment le cas pour les animaux d’élevage et l’Homme, hôte accidentel de la bactérie. Ainsi le cheval peut développer des affections localisées, subaïgues ou chroniques comme les uvéites récidivantes(4), la leptospirose peut également être à l’origine d’avortements ou d’arrêts brutaux de la production de lait chez les bovins(5), etc.

L’épidémiologie humaine de la maladie est en grande partie fonction du réservoir, c’est-à-dire de la faune locale, déterminant les souches circulantes au sein d’une région. Mais pas seulement. Certaines régions présentent des particularités comme Mayotte où le sérogroupe le plus représenté est le sérogroupe mini tandis qu’il est très peu représenté sur les autres îles environnantes et dans le reste du monde(6).

Cependant la répartition des sérogroupes dans les cas d’infections humaines reste très mal connue dans de nombreux pays du fait de la difficulté à poser un diagnostic et des moyens nécessaires à l’identification de la souche en cause. En effet les centres de référence qui pratiquent le test MAT et surveillent les données épidémiologiques locales restent très peu nombreux de par le monde(1).

Des études ont établi

qu’il existait un lien étroit

entre les souches

du sérogroupe Ictéro

et la sévérité de la maladie

Références bibliographiques :

(1) Rapport d’activité 2013, Centre National de Référence des Leptopsires, Institut Pasteur Paris

(2) Rapport d’activité 2010, VetagroSup, Ecole Vétérinaire Lyon

(3) Lindtner-Knific R. et al., Prevalence of antibodies against Leptospira sp. in snakes, lizards and turtles in Slovenia, Acta Veterinaria Scandinavica, 2013 ; 55-65

(4) Hartskeerl R. et al, Classification of Leptospira from the Eyes of Horses Suffering from Recurrent Uveitis, Journal of Veterinary Medicine, April 2004 ; Volume 51 (Issue 3) : pages 110–115

(5) Gaumont R., La leptospirose chez le bétail en Europe, Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1983 ; 57-63

(6) Desvars A. et al, Similarities in Leptospira Serogroup and Species Distribution in Animals and Humans in the Indian Ocean Island of Mayotte, Am. J. Trop. Med. Hyg., 2012 ; 87(1) : pp. 134–140

(7) Hartskeerl R. et al., Emergence, control and re-emerging leptospirosis :dynamics of the infection in the changing world, Clinical Microbiology and Infection, 2011 ; vol 17 : 494-501

Chez l’Homme, parmi l’ensemble des sérogroupes pathogènes circulants, des études ont établi qu’il existait un lien étroit entre les souches du sérogroupe ictero et la sévérité de la maladie. Le sérogroupe icterohaemorrhagiae, dont le vecteur principal est le rat, est le plus représenté en Europe et notamment en France où la pathologie est surveillée par le Centre National de Référence des Leptospires de l’Institut Pasteur de Paris. Chaque année, le rapport d’activité du CNR fait état de la part des cas de leptospirose humaine dus à chaque sérogroupe :

Ainsi le sérogroupe ictero reste le principal sérogroupe en cause aux alentours de 30% des cas chaque année et jusqu’à 79% dans les DOM COM(1). D’autres sérogroupes peuvent être à l’origine de formes graves, cependant 90% des dyalises et 75% des cas d’oliguries chez les patients atteints de leptospirose sont dus à icterohaemorrhagiae(7).

Interview

Pr Mathieu PICARDEAU, Responsable du Centre National de Référence des Leptospires de l’Institut Pasteur de Paris

On peut lire communément que l’incidence de la leptospirose est estimée à 500 000 cas par an dans le monde, ce chiffre reflète-t-il la réalité ?

Mathieu PICARDEAU. Les derniers chiffres de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime à plus d’un million le nombre de cas de leptospirose dans le Monde. Il s’agit d’extrapolation des données issues des bases bibliographiques et des services gouvernementaux. La leptospirose touche avant tout les populations marginalisées dans les pays tropicaux. Cependant, les données sont parcellaires pour certaines régions, notamment en Afrique où, en absence de centre de Référence pratiquant le diagnostic de la leptospirose, peu de cas sont reportés.

Comment peut-on expliquer une telle disparité dans l’incidence de la maladie en fonction des régions en France?

MP. En France, on observe une disparité du nombre de cas au niveau régional mais aussi en fonction des années. Ces disparités s’expliquent en grande partie par l’intérêt que suscite localement la leptospirose, plutôt que par des expositions différentes aux facteurs de risque. Cet effet de sensibilisation des médecins à la maladie est accentué par le faible nombre de cas détectés tous les ans (environ 300 cas en France métropolitaine).

Avez-vous constaté une évolution dans le cadre d’exposition en cause dans les cas de leptospirose recensés ces dernières années? Si oui, quelles explications possibles ?

MP. En absence de données épidémiologiques pour la majorité des cas identifiés en France, il est difficile de constater une évolution. On peut cependant observer que ces dernières années, les expositions suite à des activités de loisirs (sports aquatiques) sont plus fréquentes et que la leptospirose a disparu chez certaines catégories professionnelles à risque telles que les égoutiers, en raison des moyens de prévention mis en place. Il ne faut pas négliger les cas de leptospirose contractés lors de séjour dans des régions endémiques (Amérique Latine, Antilles, Asie du Sud-Est) qui peuvent représenter jusqu’à 30% des cas dans certains pays européens.

Quelles sont les initiatives nationales et internationales de réflexion et de lutte contre la leptospirose auxquelles l’Institut Pasteur participe ?

MP. Le Laboratoire de l’Institut Pasteur est Centre National de Référence et Centre Collaborateur de l’OMS de la leptospirose. A ce titre, notre principale mission est la surveillance épidemiologique de la leptospirose en France métropolitaine et dans les territoires d’Outre Mer. Nous avons ainsi développé des collaborations internationales notamment aves les régions où la leptospirose est endémique comme les Antilles (Martinique, Guadeloupe) ou les îles de Mayotte et de La Réunion. Nous essayons de mieux connaître les souches qui circulent dans ces régions afin d’optimiser les outils de diagnostic et mieux comprendre l’épidémiologie de la maladie. La formation aux techniques de diagnostic est aussi une activité importante du laboratoire qui permet de mettre en place le diagnostic de la leptospirose dans des régions où l’incidence de la leptospirose n’est pas connue.

Le CNRL a pour mission la surveillance épidémiologique de la leptospirose humaine au niveau national

Le Centre National de Référence des Leptospires de l’Institut Pasteur de Paris

Le Centre National de Recherche des Leptospires de l’Institut Pasteur a été créé en 2004 et fait partie de l’Unité de Biologie des Spirochètes qui mène un travail de recherche sur la mise en valeur des facteurs de virulence des leptospires et le développement d’outils génétiques à cet effet.

Le CNRL a pour mission la surveillance épidémiologique de la leptospirose humaine au niveau national en collaboration avec l’InvS (Institut de Veille Sanitaire) et la DGS (Direction Générale de la Santé). Ainsi, chaque année, l’équipe composée de cinq personnes analyse plus de 4 000 échantillons pour diagnostic en première intention, principalement en provenance des Centres Hospitaliers, puis rapporte auprès des autorités la survenue de cas groupés. L’InVs et l’ARS (Agence Régionale de Santé) prennent alors le relais pour réaliser une enquête auprès des personnes infectées et mettre en place les mesures sanitaires adéquates.

Pour suivre l’endémie de la maladie, deux tests de diagnostic sont effectués : un test ELISA développé en interne par le CNR et le test MAT, test de référence de la leptospirose. Le MAT est le seul test qui permet la détermination du sérogroupe, mais il nécessite l’entretien d’un grand nombre de souches vivantes. C’est pourquoi aujourd’hui en France seuls trois autres laboratoires peuvent le proposer. Le CNRL reçoit chaque année une centaine d’échantillons supplémentaires pour identification de la souche responsable de l’infection une fois le diagnostic posé par le praticien. Ces deux tests sont nécessaires pour confirmer le diagnostic, d’une part, et pour connaître les souches circulantes ainsi que leur évolution. Grâce à ces informations les outils de diagnostic peuvent être adaptés au fil du temps en fonction de l’épidémiologie des régions. Mme Bourhy, Responsable Adjointe du CNRL insiste sur l’importance de cette cartographie qui permet de mieux comprendre la maladie et de constater l’émergence de nouveaux sérogroupes, comme ce fut le cas notamment à Mayotte où le diagnostic de la maladie a pu être optimisé en fonction de sa spécificité.

Au niveau mondial, le CNRL fait également partie des sept Centres Collaborateurs de l’OMS, avec pour mission la contribution aux recherches épidémiologiques et la conservation des souches types de Leptospira et des antisérums spécifiques pour le développement d’outils diagnostic en cas d’épidémie.

Nous tenons à remercier Mme Bourhy pour son aide précieuse lors de la rédaction de cet article.

Agenda :

2 octobre 2014
Demi-journée d’information sur la leptospirose,
Chambéry

16 au 18 avril 2015
Rassemblement European Leptospirosis Society, Royal Tropical Institute,
Amsterdam

 

22 au 24 avril 2015
Journées Scientifiques Européennes des SDIS,
Pont du Gard

27 au 29 mai 2015
Les 33e Journées Santé Travail BTP,
Limoges

Regards sur la Leptospirose n°2

 

Édito

Si on dresse un bilan de la leptospirose en 2011 (les données 2012 n’étant pas publiées à ce jour) plusieurs choses sont à noter : le sérogroupe icterohaemorrhagiae reste le plus largement représenté sur l’ensemble du territoire français, métropole et DOM TOM, à l’exception de Mayotte. On relève également une forte augmentation du nombre de cas déclarés aux Antilles suite à la mise en place d’un plan de surveillance dont l’objectif est d’évaluer l’incidence réelle de la maladie.

De son côté l’OMS a mis en place une cellule nommée GLEAN (Global Leptospirosis Environmental Action Network) dont les principales missions sont de dresser une cartographie mondiale de l’incidence de la leptospirose et de mieux sensibiliser à la maladie pour mieux la prévenir. L’ensemble de ces éléments est mis en avant par le rapport d’activité 2011 du Centre National des Leptospires de l’Institut Pasteur de Paris édité par l’équipe du Dr Picardeau au mois de novembre dernier.

Et si la surveillance est renforcée Outre-Mer, la vigilance doit également rester de mise en métropole comme vient nous le rappeler le décès de deux piégeurs dans l’Aisne à la <n de l’année 2012. C’est dans cette optique que s’ouvre ce 2enuméro sur les signes cliniques de la maladie et l’importance du diagnostic précoce.

Alexandre LE VERT, Directeur Général IMAXIO

 

Références bibliographiques :

(1) Rapport d’activité – années 2006 à 2010, édité par le centre national de référence de la Leptospirose. Institut Pasteur de Paris

(2) Koizumi et Watanabe, Leptospirosis, Vaccines for biodefense, emerging and neglected diseases, Elsevier 2009

(3) Hartskeerl & al, Emergence, Control and re-emerging leptospirosis: dynamics of infection, Clinical Microbiology and Infection vol 17, 2011

(4) Rapport HAS Diagnostic biologique de la leptospirose, juin 2011

(5) Leptospirosis, Fact Sheet, World Health Organization

(6) Bulletin épidémiologique, ARS océan indien, mars 2012

La leptospirose, une maladie infectieuse polymorphe

On estime à environ 500 000 le nombre de cas sévères de leptospirose dans le monde chaque année(1), cependant ce chiffre ne représente que les cas de leptospirose déclarés. En effet les manifestations cliniques de la leptospirose sont très variées, de la forme asymptomatique à l’atteinte rénale grave, ce qui la rend di*cile à diagnostiquer. La maladie est donc probablement sous-évaluée, d’autant que la con,rmation du diagnostic ne peut être pratiquée que dans certains laboratoires.

Environ 80% des personnes atteintes par la maladie présenteront une forme asymptomatique ou d’expression bénigne mais, pour les 20% restant, on peut observer par la suite une aggravation vers des formes ictériques polyviscérales sévères et potentiellement fatales(3). Dans un premier temps les symptômes apparaissent après une incubation moyenne de 2 à 20 jours. La phase septicémique se manifeste par un symptôme pseudo-grippal brutal : le patient se plaint de forte fièvre avec frissons, courbatures, myalgies, céphalées et souvent de troubles digestifs. Le plus souvent cette phase est anictérique et dure entre 4 et 7 jours. Cependant l’ensemble de ces symptômes reste non spécifique.

Lors de la phase immune, les études de cas rapportent de nombreux signes cliniques : fièvre, myalgies, maux de tête sévères, diarrhées, oliguries, ictères, conjonctivites, douleurs articulaires, éruptions cutanées, arythmies cardiaques, psychose. Les atteintes rénales sont fréquentes et sont des facteurs de gravité, tout comme les atteintes pulmonaires et les hémorragies (2). A ce stade le tableau clinique est plus évocateur, notamment si le patient présente un ictère. Dans les formes sévères (environ 20% des cas), la maladie dure 15 jours en moyenne, et 70% des cas nécessitent une hospitalisation(3).

Dans les formes sévères, 70% des cas nécessitent une hospitalisation

Dans les premiers stades de la maladie plusieurs autres pathologies peuvent donc être considérées comme des diagnostics différentiels de la leptospirose, en fonction de l’origine géographique du patient et de la situation épidémiologique locale. C’est le cas de la grippe bien sûr, mais aussi de la brucellose, fièvre Q, des hépatites virales et, en zone endémique sous les climats subtropicaux, de la dengue ou de la fièvre jaune. Etant donné l’extrême polymorphisme des signes cliniques proches de nombreuses affections, en zone d’endémie c’est le retard de diagnostic plus que la coexistence de deux pathologies qui est préjudiciable.

En effet les antibiotiques étant plus e*caces dans les premiers stades de la maladie, le pronostic d’évolution de la leptospirose dépend de la précocité du diagnostic, de l’état de santé général du malade et de la virulence de la souche à l’origine de l’infection(4).

Le traitement se fait par antibiotiques et doit être administré dès le diagnostic de leptospirose suspecté, de préférence avant le 5e jour après le déclenchement de la maladie. Au-delà, l’effet des antibiotiques est plus discuté (5). Avant confirmation, un questionnaire effectué par le médecin sur les activités du patient (environnement de travail, pratique d’activité de loisir au contact d’eau douce ou d’animaux, voyage récent dans des zones endémiques) pourra donc orienter le diagnostic vers une leptospirose que viendra confirmer une analyse par test MAT, PCR ou ELISA.

Bien que longue, la convalescence se fait le plus souvent sans séquelles. Plusieurs semaines peuvent être nécessaires et environ 11% des personnes atteintes développent des séquelles à long-terme parmi lesquelles : fatigue chronique, troubles oculaires ; et 1.3% nécessitent un arrêt de travail permanent(3).

11% des personnes atteintes développent des séquelles à long terme

En France, les hommes âgés de 40 à 50 ans sont les plus touchés par la maladie. Cette statistique s’explique en partie par leurs activités professionnelles qui les exposent davantage au contact d’animaux et d’environnements contaminés(2). Le plus souvent l’âge du patient est un facteur de gravité dans le développement de la maladie, cependant la leptospirose touche également les enfants. Ainsi l’année dernière à Mayotte la majorité des cas déclarés étaient des enfants ou jeunes adultes ayant contractés la maladie suite à des jeux de baignades en eau douce ou au contact de boues (63% des cas)(6).

Interview

Dr Jean-Marie ESTAVOYER, Ancien Chef de Service des Maladies Infectieuses et Tropicales au CHU de Besançon

Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées dans le diagnostic de la leptospirose ?

Jean-Marie ESTAVOYER. Les signes cliniques offrent des similitudes avec ceux de nombreuses pathologies infectieuses bactériennes, virales ou parasitaires. Ce sont avec ces hypothèses diagnostiques que sont souvent admis les patients atteints de leptospirose. L’orientation diagnostique repose incontestablement sur un interrogatoire de qualité. Il recherche les nombreuses situations d’exposition et facteurs de risque : profession, mode de vie, loisirs. La découverte d’indices épidémiologiques en faveur d’une situation à risque conforte et justifie la demande d’examens biologiques de confirmation dont les résultats s’avèrent encore trop souvent tardifs actuellement. Ces indices diagnostiques ont d’autant plus d’importance qu’ils peuvent influer sur la décision d’instituer rapidement une antibiothérapie efficace, facteur de bon pronostic.

Les signes cliniques de la leptospirose sont non spécifiques. Vous avez rédigé un article très récemment concernant l’observation de cas de leptospirose. Ont-ils présenté des signes cliniques ou biologiques communs qui vous ont permis d’orienter le diagnostic vers une leptospirose ?

JME. La plupart des patients présentent des signes cliniques initiaux très semblables. Il s’agit d’une fièvre élevée accompagnée de douleurs : céphalées, douleurs musculaires arthralgies et troubles digestifs. La tolérance clinique est médiocre et le patient devient rapidement hypotendu et asthénique.
Parfois surviennent des signes cliniques capables de faire errer le diagnostic tels un exanthème, un herpès labial, un syndrome méningé ou un subictère.
Parmi les examens biologiques habituellement demandés par le médecin traitant ou à l’entrée à l’hôpital, certains révèlent des modifications qui peuvent avoir valeur d’orientation. C’est avant tout la présence d’un syndrome inflammatoire marqué avec des valeurs élevées du fibrinogène ou de la CRP.
De façon plus inconstante, il faudra prêter attention à une élévation de la créatininémie sérique, des transaminases ou des phosphatases alcalines ou à une thrombopénie. Ces modifications ne sont pas l’apanage de la leptospirose ; elles sont également retrouvées au cours de pathologies infectieuses tels une pyélonéphrite, une salmonellose ou un paludisme.
Ces informations conjuguées aux données épidémiologiques peuvent constituer une bonne orientation diagnostique.

L’espèce pathogène, Leptospira interrogans, regroupe 23 sérogroupes tels que icterohaemorrhagiae, canicola, grippotyphosa… Est-ce que certains de ces 23 sérogroupes induirait des formes cliniques plus sévères ?

JME. De nombreux paramètres entrent en ligne de compte cependant deux facteurs paraissent importants.
L’un est représenté par l’agent pathogène, son sérovar, ses facteurs de virulence et capacités invasives ainsi que par la densité de l’inoculum. L’autre prend en considération l’hôte, l’importance de la porte d’entrée et surtout les capacités immunologiques de défense fonction de l’âge ou d’un état pathologique acquis.
On ne peut passer sous silence le rôle de la précocité du diagnostic et la rapidité de la prise en charge gage d’un meilleur pronostic. Les variations des constituants biologiques et des capacités fonctionnelles au sein des souches de leptospires sont connues et prises en considération dans les classi,cations taxonomiques.
Aussi le rapport de certaines séries de patients atteints de leptospirose souligne le fait que les malades infectés par des souches du sérogroupe L. Icterohaemorrhagiae sont plus souvent victimes de formes graves que ceux dont l’infection est due à d’autres sérogroupes, L. Grippotyphosa par exemple. Cependant l’expérience démontre que les formes sévères peuvent également être dues à d’autres sérogroupes

En 2012, c’est plus de 500 vaccinations contre la leptospirose ictérohémorragique qui ont été réalisées

Les centres de vaccinations de la ville de Paris

La Direction de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Santé (DASES) exerce l’ensemble des compétences en matière sociale, médico-sociale et de santé hors Protection Maternelle et Infantile, pour le département de Paris. La ville compte 7 centres de vaccination qui proposent gratuitement les vaccinations obligatoires ou recommandées et délivrent une information au public et aux professionnels du corps médical, dans le cadre d’une convention avec l’Agence Régionale de Santé. Ces centres accueillent tous les parisiens qui se présentent ainsi que les agents de la ville de Paris dans le cadre d’un accord avec le service de santé au travail.

900 000 dossiers sont suivis via un logiciel de gestion de dossiers vaccinaux spécialement développé pour les besoins des services de vaccinations. Ce logiciel couvre plusieurs objectifs comme répondre aux obligations de la municipalité de tenir à jour un ,chier vaccinal, tracer les numéros de lots des vaccins et d’établir des statistiques annuelles pour le service. En 2012, 75 000 actes de vaccination ont été réalisés dont l’immunisation contre la leptospirose ictérohémorragique.

En 1976, la vaccination contre la leptospirose ictérohémorragique devient obligatoire pour les égoutiers de la ville de Paris et c’est à partir de 1981 qu’elle est réalisée en routine dans les centres de vaccination de la ville. Aujourd’hui, les égoutiers, les agents des canaux, les éboueurs ou la brigade fluviale… sont autant de professions pour lesquelles la vaccination est recommandée. Environ 400 agents sont vaccinés annuellement contre la leptospirose ictérohémorragique à Paris. En 2012, c’est plus de 500 vaccinations contre la leptospirose ictérohémorragique qui ont été réalisées auprès des professionnels à risque mais aussi auprès d’étudiants ou de voyageurs demandeurs. Certains agents de la ville de Paris, exposés à cette zoonose, sont vaccinés depuis plus de 30 ans. Les agents reçoivent une convocation pour les rappels ultérieurs. Un entretien est réalisé lors de la consultation afin de s’assurer que le patient n’a pas eu de réaction suite à la dernière injection, mais également pour rappeler le mode d’action des vaccins et les effets indésirables qui peuvent survenir. Une fiche d’informations sur la vaccination, éditée par les centres de vaccination de la Ville de Paris, est remise à chaque entretien.

Agenda :

15 au 17 mai 2013
Congrès Secours Santé,
à Bourg en Bresse

28, 29 et 30 mai 2013
32ème Journées Nationales de Santé au Travail dans le BTP,
à Lille

13 et 14 juin 2013
Journées Franco-Suisse,
à Lyon

18 et 19 avril 2013
Congrès régional SMSTO,
à Noirmoutier

Regards sur la Leptospirose n°1

 

Édito

La leptospirose est une maladie identifiée depuis plus d’un siècle à travers toutes les régions du monde mais qui reste à ce jour peu surveillée voire négligée, d’où une sous-notification des cas. Les épisodes d’épidémies observés lors de manifestations climatiques exceptionnelles amènent les organismes internationaux à se pencher sur cette pathologie qui peut être un problème de santé publique dans certaines régions. La France, de son côté, n’est pas en reste puisque nous sommes le pays industriel déclarant le plus de cas de leptospirose avec plus de 600 cas déclarés chaque année.

De nouvelles souches sont régulièrement découvertes, avec des profils de gravité variés qui peuvent aller jusqu’à 5 à 20% de mortalité en fonction des conditions locales (zone, plan de gestion des eaux, habitudes de vie…).

C’est dans une volonté d’informer et de communiquer sur une zoonose trop souvent sous-estimée et potentiellement grave, que nous éditons cette 1èrelettre d’information sur la leptospirose à destination du corps médical des services de santé au travail et des services de prévention.

Alexandre LE VERT, Directeur Général IMAXIO

 

600 cas annuels
en France (2)

 

Références bibliographiques :

(1) http://www.who.int/water_sanitation_ health/diseases/leptospirosis/ fr/

(2) Rapport d’activité – années 2006 à 2010, édité par le centre national de référence de la Leptospirose. Institut Pasteur de Pris

(3) Soares and al, Spatial and seasonal analysis on leptospirosis in the municipality of Sao Paulo, Southeastern Brazil, 1998 to 2006. PLOS Neglected Tropical Diseases, April 2008, Volume 2, Issue 4

(4) B.Reis & al, Impact of environment and social gradient on Leptospira infection in urban slums. Rev Saude Publica, 2010; 44(2)

(5) Rapport du groupe de travail du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France: Nouvelles recommandations relatives à la prévention du risque chez les personnes exposées à la leptospirose. 18 mars 2005

(6) J.Stern & al, Outbreak of Leptospirosis among adventure race participants in Florida, 2005. CID 2010:50 (15 March) – 843 – 849

(7) P.Hochedez & al, Outbreak of leptospirosisi after a race in the tropical Forest of Martinique. The Am. J. Med. Hyg., 84(4).2011, pp.621-626

(8) http://www.anses.fr/index.htm

Une zoonose à répartition mondiale

Animaux, hommes, zone rurale, zone urbaine, la leptospirose est une maladie infectieuse à répartition mondiale1. On évalue chaque année à 500 000 le nombre de cas sévères avec une létalité comprise entre 5% et 20%2 en fonction des zones géographiques, des plans de gestion de l’eau et des habitudes de vie des populations.

Les animaux ont un rôle clé dans la distribution de la maladie. Les rongeurs, porteurs sains, peuvent contaminer par contact direct leurs congénères lors de la reproduction ou toutes autres espèces animales par contact avec les urines contaminées. On parle de contact indirect, lorsque la contamination s’opère dans un environnement souillé par la bactérie (eau douce des rivières, flaques, cours d’eau, boues…).

Les cas de transmission interhumaine ne se produisent que rarement1. La contamination chez l’homme se fait principalement par contact indirect avec une eau souillée, lors d’une activité professionnelle, sportive ou récréative (canoë-kayak, pêche, baignades…). La proximité des populations avec les réservoirs est un facteur d’autant plus aggravant. A ce titre l’urbanisation galopante, mal contrôlée et les critères socio-économiques peuvent avoir un impact sur l’incidence de la leptospirose. Plusieurs études réalisées au Brésil3,4 ont démontré que les populations ne bénéficiant pas d’un approvisionnement en eau et d’un réseau d’égout étaient beaucoup plus exposées à la leptospirose que dans les zones résidentielles. Ce phénomène est d’autant plus accentué lors des saisons à fortes précipitations où les sols lessivés par les eaux de pluie entraînent les bactéries vers les cours d’eau, lacs… et donc les zones d’habitation. La contamination est d’autant plus importante que les populations défavorisées ne sont pas équipées de vêtements ou de chaussures adaptés à une bonne protection. Ainsi, dans les régions tropicales ou subtropicales, l’incidence peut être 100 fois plus élevée que dans les régions tempérées (incidence chez l’homme : 100 pour 100 000 habitants par an sous les tropiques humides)2. En zone tempérée, le risque est bien réel mais méconnu à cause notamment d’absence de structure de surveillance. En France, le Centre National de Référence des Leptospires au sein de l’Institut Pasteur, analyse chaque année entre 3000 et 4000 sérums pour le diagnostic de la leptospirose. Nous sommes le pays industrialisé où l’on déclare le plus de cas de leptospirose humaines avec près de 600 cas annuels dont la moitié sont diagnostiqués dans les DOM-TOM2. Mais ce chiffre ne représente qu’une partie des cas de leptospirose puisque les signes cliniques sont non spécifiques et peuvent évoquer d’autres pathologies comme la grippe saisonnière, la dengue ou encore le Chikungunya (forte fièvre, myalgies, céphalées, nausées…)ou des cas de leptospirose de formes bénignes non référencées.

Les activités à risque sont variées. Dans leur rapport de 2005, le Conseil Supérieur d’hygiène publique de France5 identifie les activités professionnelles les plus à risque parmi les cas de leptospirose enregistrés de 1988 à 2003 : agriculture ou élevage (54,7%), égout ou voirie (14,5%), bâtiments et travaux publics (13%), boucherie ou abattoirs (5,4%)… ou en fonction des activités de loisirs : baignade (30%), pêche (18%), canoë-kayak (8%)…

Des cas groupés ont été observés lors de manifestations sportives, dans le cadre d’une exposition ponctuelle. En 2005, lors d’une course aventure en Floride6, des formes de leptospirose ont été suspectées chez 23% des athlètes parmi les 200 participants. Mais aussi en 2009, lors du Tchimbé Raid de Martinique7, 20 coureurs parmi les 230 au départ ont contracté une leptospirose, dont 5 cas ont développé des formes plus sévères nécessitant une hospitalisation.

Les principaux facteurs de risque identifiés sont les pluies diluviennes intervenues quelques jours avant chacune de ces manifestations sportives, les plaies cutanées des coureurs et l’ingestion d’eau de rivière lors de la course. De fait, la saisonnalité joue un rôle important dans la distribution de la maladie. On observe en métropole un phénomène similaire avec un pic des cas de leptospirose d’août à octobre2, période où les températures sont les plus élevées, les activités nautiques plus nombreuses et le port des équipements de protection individuelle moins respecté.

L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES), estime que la leptospirose est l’une des 6 maladies les plus susceptibles d’être affectées par les modifications climatiques en France8.

Interview

Prof. Geneviève
ANDRE-FONTAINE

Doctory Vetenary Medecine

Ecole Vétérinaire de Nantes

Les Mammifères sont sensibles à cette bactérie. Existe-t-il des différences de sensibilité entre les espèces ?

Geneviève ANDRE-FONTAINE. On parle de la sensibilité d’une espèce à une infection si cette infection provoque l’apparition de symptômes chez les individus de cette espèce. Le tableau clinique général est caractéristique de cette espèce, ce qui n’exclue pas des différences de sensibilité individuelle (en fonction du sexe, de l’âge etc..). Les leptospires sont capables d’infecter toutes les espèces de Mammifères. Mais ceci a des conséquences très variables d’une espèce à l’autre.

Ainsi, chez l’Homme et le Chien, l’infection conduit (en 5 à 20 jours) à une maladie polysystémique aiguë voire suraiguë souvent létale en l’absence de traitement. En revanche, les animaux d’élevage (porcs, bovins, chevaux…) développent des symptômes généralement limités à des troubles de la reproduction alors que le Chat ne développe pas de leptospirose clinique caractérisée. La différence de sensibilité des espèces existe donc au sein des espèces domestiques. On retrouve également tous les degrés de sensibilité pour les espèces (et familles zoologiques) de la faune sauvage.

L’eau douce joue un rôle prépondérant dans le schéma de contamination. Les eaux de baignades sont régulièrement testées pour en déterminer la qualité, recherche-t-on les leptospires ?

GAF. Le risque est minoré si les leptospires sont exposés au soleil (UV) mais les zones ombragées constituent un risque. Les contrôles usuels permettant d’apprécier la qualité bactériologique des eaux de baignades ne permettaient pas de mettre en évidence les leptospires et donc leur présence n’est pas recherchée. Mais actuellement le développement d’outils récents de la biologie moléculaire peut mettre en évidence la présence de ces bactéries particulières.

Mais on ne peut actuellement définir une concentration constituant un danger de contamination. En effet, la dose infectieuse dépend de la virulence de chaque souche sauvage et des facteurs individuels des hôtes potentiels. Le danger est présent mais le risque ne peut être mesuré.

Considérez-vous la leptospirose comme une zoonose en réémergence ?

GAF. Parler de réémergence sous-entend que cette zoonose aurait temporairement disparu depuis sa découverte au début du XX° siècle en Europe (souche Verdun !) et au Japon. Ce qui n’est pas le cas. Les risques de contamination humaine ont été limités par l’évolution des conditions sanitaires. Mais rien n’a modifié la pression infectieuse induite par le portage de la faune sauvage.

Par ailleurs les activités de loisirs se sont développées : activités nautiques, voyages en zone tropicale. L’eau (et la faune sauvage) sont les éléments majeurs du cycle épidémiologique. Les cas de zoonose de loisir ont donc progressé. Par l’évolution de ses activités, l’Homme augmente le risque de contamination pour un danger qui est toujours resté présent dans l’environnement. En revanche, l’évolution climatique, avec réchauffement global est favorable à la survie prolongée des leptospires dans des eaux douces dont celles des zones tempérées moins soumises au gel capable d’inactiver les leptospires. Par ailleurs, l’augmentation des cyclones, inondations etc. sont autant de conditions environnementales favorables à la diffusion des leptospires infectieux. Alors doit-on parler de « réémergence » ou d’évolution épidémiologique ?

Voies Navigables de France, quel plan de gestion des risques leptospirosiques ?

Les Voies Navigables de France (VNF) gèrent, exploitent et développent 40 000 hectares de domaine public fluvial en France. A ce titre la leptospirose fait partie de leur préoccupation quotidienne. En effet le contact direct de l’eau et le voisinage des rongeurs, vecteurs potentiels de la maladie, fait de cet environnement une zone d’exposition pour certains salariés des VNF comme les éclusiers, plongeurs, agents de maintenance, etc.

Ainsi, sur le secteur Sud Est, ce sont une centaine de personnes travaillant en bord des voies d’eau qui sont concernées et une campagne de sensibilisation a été mise en place depuis 2008. Pour Sylvain ROBIER, Chef du bureau Sécurité Prévention de la région, la prévention passe avant tout par une bonne communication : dès la visite médicale d’embauche les agents exposés sont informés du risque de contamination par le médecin du travail, voire vaccinés si l’exposition le nécessite. Il s’agit bien souvent d’une découverte de la maladie pour les employés concernés.

La prévention passe avant tout par une bonne communication

Par la suite Mr ROBIER les informe sur les risques lors de la Journée des Nouveaux Arrivants. L’accent est mis sur les voies de transmission et la description des symptômes pour que chaque agent soit attentif en cas de syndrome grippal soudain et parle du risque d’exposition à son médecin traitant. Un rappel est également fait une fois par an, sur chaque site de la région, à l’occasion d’une réunion générale sur le thème de la prévention et de la sécurité au travail. Le rôle des Equipements de Protection Individuel est particulièrement souligné et suivi, au même titre que les mesures d’hygiène (ex : utilisation des douches portatives mises à la disposition des agents).

En effet, avec les années, l’appréciation du risque de contamination tend à diminuer. Les managers et chefs d’équipes jouent alors un rôle primordial sur le terrain en relayant l’information auprès des agents et en s’assurant du respect des mesures de prévention au quotidien, notamment sur des situations à risque mal appréhendées : utiliser son téléphone portable, fumer ou manger sur son lieu de travail. C’est pourquoi ils sont sensibilisés au même titre que les agents.

Agenda :

8 novembre 2012 à Lille
½ Journée d’informations sur la leptospirose

14 décembre 2012 à Toulouse
Journée de la Société de Médecine du Travail de Midi-Pyrénées

 

Congrès Secours Santé
29, 30 et 31 mai à Lille

32ème Journées nationales de Santé
au Travail dans le BTP

13 et 14 juin 2013 à Lyon
Journées franco-suisses